De l'attachement à l'emprise
- pilhacplansonnier

- il y a 4 jours
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Dernière mise à jour : il y a 5 heures

Dans un couple, le lien d'attachement devrait rester dans un espace de confiance et de liberté. Pourtant, dans beaucoup de relations amicales ou amoureuses, la notion de "soutien" finit souvent par dériver vers une notion de domination, voire, à l'extrème d'emprise psychologique. Comment cela fonctionne-t-il ? Où l'emprise dans la relation amoureuse trouve-t-elle son chemin, sa force et son maintien malgré tout ce que cela peut coûter à la victime ?
Comprendre pour pouvoir reconstruire
L'emprise, c'est quand une personne prend le contrôle psychique et émotionnel sur une autre. Cela ne s'installe pas aux premiers jours. Non. Au début tout n'est qu'amour et tendresse. Lorsqu'une relation inégalitaire s'installe dans un couple, des divergences apparaissent. Le dialogue peut rétablir l'équilibre : communiquer et se comprendre, accepter les différences et les gérer.

Cela semble une évidence et pourtant... ce n'est pas inné. On oublie que l'autre ne perçoit pas les choses comme nous, on oublie que les mots n'ont pas forcément la même définition/interprétation pour lui/elle, on oublie que son espace personnel est différent du nôtre, on oublie, encore, qu'il ne saisit pas nos envies, nos ressentis, nos émotions au premier regard, on se considère en symbiose et on oublie sa différence, tout simplement. Au bout de quelques années passées ensemble, nous évoluons, progressons sur notre chemin de vie; mais l'autre aussi suit sa propre voie et il serait étonnant qu'il adopte exactement la même évolution que la nôtre. Nous ne vieillissons pas tous de la même façon et sa personnalité peut diverger plus encore de la nôtre. Nous sommes sensés nous construire, acquérir de plus en plus de compétences, aller vers plus de sagesse et de sérénité. Bref, chacun devrait trouver un équilibre entre le "je" ( l'individualité ) et le "nous" ( le couple ). Cela demande d'être attentif à soi de façon à garder une autonomie, préserver un espace de progression, mais d'être tout aussi attentif à l'autre de façon à lui permettre de pouvoir évoluer lui aussi en toute autonomie dans son propre espace personnel.

On peut marcher ensemble et atteindre des sommets, sans enfiler les mêmes chaussures. Je n'oblige pas l'autre à chausser les miennes sous prétexte que je les trouve confortables et performantes. Elles le sont pour moi, je sais que je vais bien marcher avec, mais j'imagine le résultat s'il fourrait sa pointure 43 dans mon 37 ! Mon confort n'est pas le sien. Mon entrainement non plus ... je n'ai pas les mêmes aptitudes et pas les mêmes résultats dans l'entraînement tant au niveau physique que du psychisme. Chacun doit rester centré sur ses performances personnelles et si l'on reste ensemble sur l'idée du projet, fatalement, il va falloir pour cela que nous convenions ensemble d'une stratégie. Il va donc falloir communiquer, puis jongler avec nos besoins personnels en toute complicité, et en gardant intact le lien relationnel.
Mais dans un couple, tout n'est pas toujours aussi rose. Les personnalités sont diverses, certaines plus affirmées (affinées !) que d'autres, certaines plus conscientes que d'autres, plus "gourmandes" aussi. L'euphorie des premiers temps permet d'occulter ou de passer l'éponge sur les manquements. mais, plus le temps passe, moins on fait preuve d'indulgence. C'est là qu'apparaît la période des compromis. On cède parfois... ou à tour de rôle, on essaie d'établir un équilibre dans la flexibilité vis à vis l'un de l'autre.
Et j'en arrive à mon cheval de bataille.

Le comportement humain est complexe. Tout être humain naît avec des caractéristiques génétiques uniques. Pas un être ne ressemble à l'autre, il y a forcément quelque part une divergence. J'ai écrit, dans la publication précédent "attachement 2/2" : Les traumatismes survenus au cours de l'évolution d'un individu causent un déséquilibre qui peut être brusque ou apparaître plus tardivement, mais qui perdurera dans le temps s'il n'est pas pris en considération.
Et pour moi, c'est là que réside une des clés, dans le vécu de chacun.
Dans un texte, titré Génogramme, j'explique combien dans une famille un non-dit, les secrets, les problèmes non résolus peuvent être destructeurs pour les générations suivantes. De même, pour un individu, occulter son vécu, se taire, ne pas affronter les vérités, se voiler la face, c'est une barrière limitante dans la prise de conscience de soi. Le refoulement, le déni n'expulsent pas le problème. Plus le déni dure, plus la situation s'envenime. C'est un refus (inconscient) de voir la réalité vraie. Comment avoir la clarté et choisir le bon chemin s'il comporte des zones d'ombres ?

Un bébé, dès la naissance, est doté de certaines compétences. Il sait distinguer les sons, il sait reconnaître une présence auprès de lui, sait ressentir un inconfort, et réagir aux perceptions et sensations.
Dans les années 50, le bébé était vu comme un être passif. Ses réactions étaient considérées comme des réflexes agissant aux stimulis. Mais de nos jours de nouvelles technologies et les connaissances relatives à l'activité cognitive permettent des analyses plus poussées et démentent cette affirmation. Aujourd'hui, le bébé "réflexe" est reconnu comme un organisme compétent, qui semble équipé pour faire face au monde. Mais, dès sa naissance, il est soumis à des facteurs qu'il n'est pas apte à contrôler (espace physique, familial, social, etc) et qui vont interférer sur son développement : son caractère, ses compétences, sa progression, son chemin de vie.
Il n'y a pas sur cette Terre deux individus qui soient confrontés aux mêmes critères, aux mêmes situations, et chacun va donc se construire "unique". Pourquoi je souligne ça ? Parce que dans notre monde, il y a des individus qui utilisent, justement ... ce paramètre, pour servir leurs desseins.
Imaginez une personne parmi d'autres qui va tout mettre en place pour satisfaire un besoin. Ça peut être un besoin d'être aimé.e, parce qu'il/elle a manqué d'affection, ou besoin d'être admirée parce qu'il/elle a une faible estime d'elle-même, ou tout autre besoin : de dominer, d'argent, de détruire... Si elle a peu de moyens pour combler ce besoin, elle va utiliser quelqu'un d'autre. Elle va partir en quête d'une cible : la cible idéale pour satisfaire son besoin. Elle ne tape pas au hasard. La cible choisie doit être contrôlable.

Pourquoi la victime accepte-t-elle la soumission ? Tout simplement parce qu'elle aussi a un besoin.
Les premiers temps de la rencontre, tout baigne parce que l'individu a ciblé les besoins de sa proie : besoin d'être aimée, besoin d'argent, besoin de se sentir regardée, considérée. Il va se l'attacher (notion d'attachement), en la faisant rêver : il donne tendresse, affection, faisant miroiter un avenir prometteur : aisance, sérénité, facilité etc. La notion d'attachement prend tout son sens grâce à cette période de charme (le ferrage).
Quand il sent son/sa partenaire ferré.e, la période de charme laisse la place à une période de conditionnement. Subrepticement, il va introduire dans son comportement des processus d'influence contraignante. Pour mieux la contrôler, il va l'isoler de ses amis, de sa famille, la mettre en marge de la société et éliminer ainsi tout risque d'être contré par l'entourage de sa victime. Il va, petit à petit le/la rendre dépendant.e.
Lors de mes recherches, les exemples abordés (pour l'emprise dans le couple) concernent surtout des femmes mises sous emprises par des hommes, mais on peut rencontrer l'inverse.
Eteindre la lumière d'un.e autre ne fera pas briller la tienne !

En réalité, cet individu-là est tout petit et il a besoin de l'autre pour mener un jeu pervers sans lequel il aurait l'impression de ne pas exister. Cet individu-là est un nuisible.
Une proie n'est hélas bien souvent plus capable de se rendre compte qu'elle est sous emprise. Elle est le plus souvent seule, coupée de tous ceux qui pourraient éventuellement provoquer un déclic, l'aider à une prise de conscience. Parfois, elle espère pouvoir faire changer son "agresseur".
L'emprise est une pratique totalitaire et destructrice. L'état de santé des proies est déterioré, son mental dégradé : confusion et amnésie (dans les souvenirs), épuisement... Il y a encore tant à dire ...
A suivre !




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