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Le regard des autres 2/2


Ce post fait suite au post précédent : Le regard des autres. Il pourrait porter un autre titre. Oui, c'est ça, je vais l'appeler :


De l'humilité


Je traitais dans le premier volet, un sujet qui est récurrent dans notre vie : l'importance que nous portons au jugement d'autrui. Je disais que ce regard que les autres portent sur nous (nous avons l'impression qu'ils ont un regard sur nous !) avait un impact phénoménal sur nos comportements et sur les chemins que nous choisissons pour avancer dans notre vie. Je vous invite à relire la page : Le regard des autres 1/1


La lecture terminée, on peut s'étonner. Quoi ? C'est elle qui dit ça ? Elle qui a vitrine sur le net, elle qui publie ses écritures, elle qui montre ses œuvres ? On peut s'arrêter là, et ricaner.

Mais ce serait réduire mon discours aux préliminaires que de refuser d'aller chercher plus loin… Ce serait préparer les ingrédients, mais ne pas les assembler pour faire la pâte. On ne saurait pas quoi faire de ce bol de farine, des trois œufs, du paquet de beurre. Ce serait du gâchis.


Peut-être y a-t-il parmi mes lecteurs des gens qui, eux aussi, créent mais n'osent pas montrer le fruit de leur "travail". Pourquoi ? Par peur des critiques ? Par timidité ?

Parce qu'on leur a toujours dit : pour vivre heureux, vivons caché ? Adage absurde que je tiens pour un pis-aller puisque vivre caché, c'est se priver de liberté. Enfermé, on évite effectivement les critiques négatives, mais on passe à côté de toutes les joies qu'offre la liberté. Frustration ! A mon avis, il y a d'autres solutions.


L'artiste crée. Pas pour être vu, mais parce qu'à travers sa création, il a des choses à dire. C'est un immense besoin d'extérioriser, de sortir de lui les sujets qui sont primordiaux pour lui. Pour ma part, pendant des années, une fois mes créations exprimées en peinture, en poterie ou par écrit, je n'aimais pas les montrer. J'avais réussi à sortir l'image, l'idée qui étaient en moi et ça me suffisait. Je n'avais pas envie de les montrer. Je me suis interrogée. Pourquoi ?


La cause la plus visible est : j'avais peur. Peur de ne pas être comprise, qu'on interprète autre chose que ce que j'avais voulu exprimer. Peur du jugement des autres (ce fameux regard des autres). Peur aussi d'être prise pour une personne prétentieuse. Et puis surtout parce que je n'avais pas vu, la suite. Je n'avais pas compris que si je me détachais du tableau, du manuscrit, de la poterie, elle pouvait avoir une autre vie. Un peu comme un enfant qu'on met au monde et qui, à un moment, trouve son autonomie, mène sa vie.


Poussée par mon conjoint et par quelques amis (merci Philippe, Moïse…) j'ai fait une première exposition et édité mes premières écritures. C'est alors que j'ai modifié mon raisonnement. Je donnais une autre vie à mes œuvres.





Pour se lancer, l'artiste a besoin de courage !

De beaucoup de courage et beaucoup d'humilité.


J'ai continué dans mon parcours à multiplier les évènements, à ouvrir mon atelier parce que je me suis rendue compte de la richesse des échanges. C'était un partage. J'ai observé, écouté mes visiteurs, j'ai lu les commentaires du comité de lecture, puis ceux qui ont suivi la publication de mes écritures, et au fil des discussions, je me suis rendue compte de l'impact sur ma progression dans les diverses disciplines. Certains commentaires me faisaient avancer d'un grand pas là où, parfois, je croyais avoir atteint mes limites.

Et puis, j'ai compris que même si les autres ne comprenaient pas ce que j'avais fait, ils comprenaient autre chose qui leur convenait peut-être mieux et que finalement ça ne m'enlevait rien. Au fond, si je modèle une souris et que le voisin y voit un lézard, quelle importance ? Si, en y mettant toute mon âme, j'écris un texte pour extérioriser mon désarroi, et que d'autres n'y voient que de la bêtise… quelle importance ? Le but était de sortir l'émotion. A me lire, on peut éprouver tout un panel d'émotions, ça ne change pas l'émotion que, personnellement, je ressens. Devant un tableau, les uns vont éprouver du plaisir, d'autres de l'agacement, d'autres encore rien du tout… ça ne change pas mes ressentis , ni ce que je vois dans mon tableau.


Si l'on a la chance de savoir s'exprimer dans un art, quel qu'il soit, on a devoir de porter sa voix, sa contribution, et c'est ça l'important. Semer une toute petite graine, si petite soit-elle, pour qu'elle s'ajoute aux autres graines, afin de donner corps au jardin. Le rayonnement qu'on émet, c'est une pierre à l'édifice.


Qu'est-ce qui pourrait nous empêcher d'exposer, de se faire éditer ?


Chacun a une notion de son niveau de légitimité*. Notre ego nous souffle toute attitude qui ne va pas remettre en cause cette légitimité. Alors, on se donne mille prétextes :


– Je ne vais pas tenter ça, parce que si je me plante, tout le monde va se moquer de moi.

– Je ne vais pas aller me planter ! Je ne suis pas quelqu'un qui se plante !

– Si je fais ça et que je ne réussis pas, je vais tomber de l'échelle.


Bref, on préfère se cacher plutôt qu'entrer dans une bataille où l'on est pas sûr.e de gagner. On préfère renoncer plutôt que de se lancer dans une entreprise dont la réussite est aléatoire. On reste en retrait.


Pourquoi ai-je titré mon post : De l'humilité ?


Parce que c'est le sentiment qui m'a habité quand j'ai décidé d'éditer mes livres. C'est celui qui m'habite quand je compose mes pages de site. Un sentiment d'humilité. Mais oui, ça peut paraître paradoxal , et pourtant :

Il en faut de l'humilité, pour mettre des parenthèses à sa légitimité, accepter de prendre le risque de se planter, accepter – en cas d'échec – de redescendre deux ou trois barreaux de l'échelle sur laquelle on est en train d'essayer de grimper. Se dire que l'on est pas invincible et qu'on veut bien simplement essayer, même si au bout du compte on doit faire demi-tour. Oser se lancer. Avoir le courage d'affronter l'incertitude.


Je sais que l'on porte un regard sur ce que je fais. Mais j'ai dépassé cela. Le but est de donner à d'autres l'accès à mes œuvres, avec l'idée qu'ils puissent y puiser – pour certains d'entre eux – le plaisir de regarder, le plaisir de se distraire, et peut-être quelques-uns arriveront ils à cerner dans ce fouillis de mes œuvres ce qui pourraient les aider à faire un tout petit pas dans leur ascension.


Non, je ne demande pas à ce que l'on me comprenne. Non, je ne demande pas à ce que l'on me suive. Non, je ne demande pas à ce que l'on me juge. Non, je n'ai aucune intention de convaincre qui que ce soit. Je donne accès à des mots, à des signes, qui, à mon sens, peuvent faire réfléchir.

Que l'on applaudisse ou que l'on me lance des tomates, cela n'a aucune influence sur ma façon de me sentir. Chacun est totalement libre d'y voir ce qu'il veut, du bon ou mauvais. J'ai peint, j'ai écrit, et cela ne changera en rien ma façon de voir et d'appréhender ce j'ai mis dans mon tableau ou dans un livre.


Je réitère ce que j'ai écrit dans mon premier post :


L'important, ce n'est pas ce que les autres pensent de vous.

L'important, c'est d'être soi ni plus ni moins. L'important c'est ce que vous, vous pensez de vous.




* Niveau de légitimité : Ressenti personnel de soi. Sentiment subjectif que l'on acquiert si l'on fait un travail de conscience de soi. Répond aux questions existentielles : qui suis-je ? De quoi suis-je capable ? Où est ma place ? etc.

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